Islam médiéval (5)

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L’islam et La Sicile, XIe –XIIIe siècle

La Sicile est une province musulmane d’Ifriqiya qui a été prise par les Aghlabides, ce n’est pas une base d’implantation mais une base de razzia, c’est à partir de là que les musulmans lancent les razzias vers l’Europe. Les Aghlabides sont ensuite remplacés par les Fatimides. Cette implantation musulmane et les divisions internes favorisent l’avancée chrétienne, tout au long du XIe. La reconquête est l’œuvre de chevaliers normands et des commerçants des villes italiennes. Cette reconquête aboutit à un royaume normand en Sicile qui tolère toutes les religions. C’est le seul royaume où il y a cette « tolérance », on parle trois langues : le grec, le latin et l’arabe. Cette particularité disparait avec l’arrivée de l’empereur Frédérique II qui met fin à la présence musulmane en Sicile.

L’affaiblissement interne des musulmans de Sicile

Cet affaiblissement à lieu surtout dans la première moitié du XIème siècle. Les Kalbides tiennent l’île au nom des Fatimides.

Les kalbides en Sicile, 948-1036

C’est le début de ce jeu politique à 3. La Sicile est très largement byzantine (tentative de reprise de l’empire romain d’occident  par Justinien). Dans un premier temps, les Kalbides se battent contre les byzantins de Sicile, ils reprennent toute la Sicile ainsi que la pointe de l’Italie (Reggio, prise de la Calabre). Au départ, les musulmans prennent la Sicile, puis ils se réconcilient avec les byzantins, ils s’allient contre les Ottoniens qui reconstituent le Saint Empire Romain Germanique. Les musulmans jouent de la division entre les chrétiens pour s’implanter. En 992, c’est la victoire musulmane de Cap colonne qui permet de s’implanter dans le sud de la péninsule. C’est l’apogée de la dynastie Kalbide avec sa capitale : Palerme. La tendance s’inverse, l’émir Dja’far est battu en 1004 à Bari. Les musulmans gênent les villes commerçantes d’Italie du Nord. En 1006, nouvelle défaite musulmane à Reggio, ils sont battus par Pise. Les Kalbides perdent la pointe de l’Italie. En 1025, les byzantins débarquent même en Sicile à Messine. La situation à partir de 1025 devient critique pour les Kalbides, ils sont coincés entre les byzantins et les villes d’Italie. Les Zirides d’Ifriqiya essaient de venir aider les Kalbides mais cela se passe mal entre Zirides et Kalbides et l’aide Ziride devient conquête. En 1036, le dernier émir Kalbide meurt et laisse place à l’anarchie.

Les « taïfas » siciliennes

Il n’y a plus d’émirat, il n’y a plus que des Ka’id qui se battent entre eux. C’est un de ces Ka’id qui s’appelait Ibn al Thumna qui demande l’aide de chrétien, de mercenaires pour venir à bout des autres Ka’id au milieu du XIème siècle. Ce sont les chrétiens latins qui prennent de plus en plus d’importance. Les villes d’Italie du Nord soutiennent les chevaliers aventuriers qui tentent leur chance en Sicile.

Les normands en Sicile

Leur arrivée

Dès 1016, on voit arriver les chevaliers normands. Tancrède de Hauteville arrive avec quelques-uns de ses douze fils pour se mettre au service des byzantins. Il y en a deux qui réussissent : Robert Guiscard (le Rusé) qui est arrivé en 1051 et Roger arrivé en 1057. Dans un premier temps, Roger réussit très bien, il contrôle le sud de l’Italie alors que Robert s’installe en Sicile. Les Hauteville ne sont qu’une poignée. Palerme est prise en 1072. La résistance est la plus forte dans l’Est de l’île. La conquête est terminée lorsque les musulmans capitulent à Noto en 1091. Les normands vont jusqu’en Ifriqiya mais ce n’est pas durable, ils sont expulsés d’Ifriqiya par les Almohades entre 1156 et 1160.

Le royaume normand de Sicile

Robert Guiscard a fait la conquête de la Sicile mais c’est son frère Roger qui installe la dynastie (Roger I), son fils prend après le pouvoir, Roger II (1101-1154), c’est alors l’apogée du royaume normand de Sicile.

La masse de la population est musulmane même si la domination est tenue pas une élite chrétienne. Il y a cohabitation entre l’islam, chrétien d’Orient et chrétien d’Occident. Cohabitation ne veut pas dire tolérance, il y a plusieurs répressions contre les musulmans. En 1189/1190, il y a un problème dynastique, Guillaume II n’a pas de descendance directe. Durant ce problème, il y a une répression forte contre les musulmans, c’est une période d’anarchie jusqu’en 1219 lorsque Frédérique II prend réellement le pouvoir.

La fin de la présence musulmane en Sicile au XIIIe siècle

Frédéric II, 1219 – 1250

C’est le fils de l’empereur germanique Henri VI et le petit fils  de Frédéric Ier Barbe Rousse, il fait partie de la famille des Hohenstaufen. L’empire romain germanique est fondé sur le principe électif. Son père épouse Constance de Sicile, son père devient à la fois empereur et roi de Sicile. Henri VI meurt alors que son fils est encore très jeune. Un autre empereur succède à Henri VI. A partir de 1212, le pape (Innocent III) impose Frédéric II sur le trône de Sicile et de Germanie en pensant pouvoir le manipuler. Ce n’est qu’en 1219 que Frédéric II est reconnu aussi bien en Sicile qu’en Germanie. C’est un souverain à part, il est athée et rêve de reconstituer l’empire de Charlemagne. Il admire la culture musulmane mais veut absolument la soumission de ses sujets. Ce règne met fin à la présence musulmane en Sicile. C’est lui qui fonde l’université de Naples, qui développe les sciences dans ses terres.

La fin de la présence musulmane

En 1219-1222, il y a une grande révolte des musulmans au sud de Palerme, dirigée par un certain Mirabetto. C’est une révolte de paysans avant tout, c’est une révolte sociale contre la pauvreté. Frédéric II ne tolère pas l’opposition. Lorsque Frédéric II meurt en 1250, il n’a pas d’héritier direct, le pape veut donner le royaume de Sicile à un capétien, en 1264, c’est le comte d’Anjou qui devient roi de Sicile, cependant, c’est un étranger qui a du mal à s’imposer. Dès 1485, les rois de Sicile sont expulsés lors des vêpres siciliennes, les comtes d’Anjou massacrent les derniers musulmans. La révolte très dure de 1219-1222 a fait fondre les effectifs musulmans. Ceux-ci mènent une dernière révolte qui est très fortement réprimée. Personne n’est venu à la rescousse de ces musulmans de Sicile. La reconquête chrétienne en Sicile au XIe est précoce, il y a des points communs avec la reconquête d’Al-Andalus. Comme cette reconquête a été précoce, il y a eu une période assez longue de tolérance, tolérance nécessaire. Lorsque les chrétiens avancent sur les différents fronts, l’intolérance remonte.


 

 

Publié dans Histoire médiévale

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