Islam médiéval (2)

Publié le par pour-l-histoire.over-blog.fr

L’expansion musulmane, VIIème-Xème siècle

La succession de Mohammed s’annonce délicate : il n’a pas de fils. Quatre proches de Mohammed vont lui succéder, l’islam est en pleine expansion. Très rapidement, les Musulmans s’emparent d’une bonne partie du pourtour méditerranéen sous les Omeyyades (première dynastie des califes héréditaires). Ces Omeyyades règnent de 661 à 750. Ce sont surtout les Abbassides (750-946) qui renforcent le monde musulman. C’est durant ces années que l’islam connait son apogée. Cependant, le monde musulman n’est pas uni, pas homogène. C’est à cette époque-là que la culture musulmane connait son apogée, il y a un rayonnement culturel impressionnant.

La succession de Mohammed : les quatre califes, 632-661

Les successeurs sont les quatre proches de Mohammed, ils sont aussi chefs religieux et politique

Une succession difficile

Mohammed n’a pas de fils et il n’a pas désigné de successeur. Il y a donc des disputes entre les nouveaux convertis et les anciens qui ont vécu toutes les batailles. C’est parmi les anciens compagnons de Mohammed qu’est choisi le premier successeur.

632-634 : Abu bakr

Ce sont les habitants de Médine et de la Mecque qui ont choisi Abu Bakr. Ce choix soulève des mouvements de contestation parmi les Bédouins, ils ont l’impression que les villes marchandes conservent le pouvoir à leur dépens. Il y a des guerres internes qui voient finalement les Bédouins vaincus. Abu Bakr était le beau-père de Mohammed, celui-ci étant marié avec sa fille (dernière femme de Mohammed : Aisha). C’est un califat très agité.

634-644 : Omar ibn Khattab

Omar est aussi beau père de Mohammed. Il a été choisi par son prédécesseur mais il a été aussi choisi par les habitants de Médine et de la Mecque. Il approfondit les dogmes : il institue la double fonction du calife, à la fois religieuse et politique = état théocratique « mondial ». Il a conscience que l’islam se répand. Il veut instaurer un califat unique unifié qui contrôle tout, il veut centraliser le pouvoir entre les mains du calife mais les contrés lointaines sont dirigés par des émirs. L’islam se répand jusqu’en Syrie (Damas), Jérusalem est prise. Jérusalem est une terre sainte car Mohammed dans sa vision a été transporté sur le dôme du rocher. L’islam se répand en Perse, en Egypte. Ces incursions étaient d’abord vues comme des razzias, mais celles-ci se transforment en conquêtes car les habitants se convertissent. Ce n’est qu’une conquête terrestre car les musulmans ne sont pas des marins. Omar est assassiné dans la mosquée de Médine par un chrétien affranchi.

644-656 : Othman

C’est un gendre de Mohammed, il avait épousé deux filles de Mohammed. Il appartient à la grande famille mecquoise des Omeyyades, c’est une des dernières familles à se rallier à Mohammed, c’est une famille très riche. Othman a commencé à faire mettre par écrit le Coran. Il poursuit la conquête, c’est durant ce califat que commence la guerre avec l’empire Byzantin chrétien. C’est la rencontre entre deux monothéismes. Cela oblige les musulmans à devenir des marins, Othman est le premier à créer une flotte. Son gouvernement est critiqué à cause des avantages qu’il accorde à ses proches. Ce califat s’arrête en 656 avec l’assassinat d’Othman par un membre de la famille d’Abu Bakr.

656-661 : Ali

Ali est le fils de l’oncle de Mohammed, c’est le cousin et le gendre de Mohammed car il a épousé la fille ainée de Mohammed. Il est élu surtout par le clan d’Abu Bakr. Ceux qui l’ont porté au pouvoir pensent pouvoir le manipuler, cependant Ali gouverne selon lui et il y a alors des dissensions. Les adversaires d’Ali s’enfuient en Irak, ils sont rattrapés par Ali qui les bat en 656. Il y a cependant une résistance en Syrie à Damas autour du gouverneur Muawiya (ou Moawia gouverneur depuis 638). C’est le cousin d’Othman. Il y a des tensions entre ces deux personnages. Muawiya accuse Ali d’être à l’origine de la mort d’Othman. Il se fait proclamer calife. Ali s’enfuit en Irak et se fait assassiner sur l’ordre de Muawiya. C’est à ce moment que se fait le schisme : il y a désormais trois clans musulmans, les chiites (privilégient les successeurs de la famille de Mohammed), les sunnites (califes par élection) et les kharidjites (peut être calife tout musulman élu par la communauté, partisans d’une morale rigoriste).

Les conquètes territoriales

Ces conquêtes ont lieu principalement sous les deux premiers califes.

 

Causes et moyens de la conquête

Ce qui est impressionnant, c’est la rapidité de la conquête. La conquête est fulgurante. Il y a l’enthousiasme religieux, surtout quand la Mecque a été prise. La cause religieuse n’est pas à mettre de côté. Il y a aussi l’appât du butin, les razzias. Ce qui explique aussi c’est le système de renseignement, les caravaniers qui vont très loin rapportent les informations des pays lointains. Il y a aussi un système de pigeons voyageurs. Les musulmans connaissent parfaitement leurs adversaires alors que ceux-ci ne les connaissent pas. Les seuls adversaires qui sont importants, ce sont les Perses et les Byzantins mais ceux-ci se battent entre eux donc affaiblissement. Les arabes utilisent des chevaux très rapides, ils appuient leur force sur un armement léger, c’est une cavalerie très rapide. Au départ, il n’y a pas plus de 20 000 à 40 000 hommes pour faire toutes ces conquêtes. Cette armée a la chance d’avoir un bon commandant : Khalib ibn al-Whalid qui est surnommé l’épée de Dieu par Mohammed. C’est lui qui conquiert la Syrie et qui bat les Perses et les Byzantins. Il est ensuite destitué par Omar car il lui fait de l’ombre. Il a été le chef militaire des musulmans durant les premières années. C’est aussi le bon accueil des populations conquises car la tutelle des musulmans est moins lourde que les tutelles locales, en particulier sur les impôts : ils ne paient que les impôts sur les non-croyants : les dhimmis, qui est moins élevé. Ils se convertissent après pour ne plus payer cet impôt.

Administration des terres conquises

Le rôle d’Omar a été essentiel, il s’est rendu compte que toutes les conquêtes sont tenues par une toute petite partie des arabes. Les arabes laissent en place l’administration déjà existante, il l’utilise. Les arabes modifient juste le système fiscal à l’avantage des populations. Les territoires sont d’abord gouvernés par un émir puis par un gouverneur civil : un wali. On utilise les populations locales pour administrer. On ne force pas les gens à se rallier à la religion. Il n’y a ni islamisation ni arabisation. Exemple : en Egypte les coptes ne sont pas convertis de force, ils ont le droit de pratiquer leur religion du moment qu’ils se soumettent aux lois. En conséquence, le cœur de ce « nouvel empire » se voit basculer de l’Arabie vers la Syrie et l’Irak, cela favorise la famille de Muawiya, les Omeyyades prennent le dessus.

Le califat omeyyade, 661-750

La famille omeyyade est la plus riche de la Mecque, une des dernières converties.

Mu’awiya, le fondateur (661-680)

Il est seul au pouvoir à la mort d’Ali. Sa capitale est Damas, et non plus la Mecque, c’est le reflet d’une évolution profonde. Damas est mieux placée, elle est au cœur du nouvel empire en constitution. Il veut pacifier la communauté musulmane. Hassan, le premier fils d’Ali se rallie à Muawiya. Muawiya essaie de s’emparer de Constantinople par deux fois (en 668-669 et entre 674 et 680) mais il échoue. La conquête se retourne aussi vers l’Ifriqiya. La conquête du Maghreb est entreprise, et en 670, Kairouan est fondée. Il se dirige aussi vers l’intérieur des terres, vers la vallée de l’Indus : en 664 il prend Kaboul. Il met en place un gouvernement central copié sur le modèle byzantin, autour du Calife dont le pouvoir n’est limité que par le Coran. Il impose d’abord la succession héréditaire par primogéniture qui ne sera pas toujours respectée (au niveau de la primogéniture). Cela n’a pas été bien accepté par l’Umma qui préfère l’élection. Les successeurs ont essayé d’instaurer l’élection avant l’hérédité : le père choisi le fils et le fait élire par ses compagnons. Autour de lui se constitue un entourage de conseillers non seulement musulmans mais aussi avec des juifs et des chrétiens. La langue grecque devient la langue de l’administration, ce n’est qu’au VIIIème siècle que l’Arabe redevient la langue officielle.

Les successeurs

YAZID Ier 680-683

Tant que Muawiya était vivant, Yazid est confronté à la révolte des mecquois dirigés par la famille d’Abu Bakr avec comme leader Abd Allah ibn Zubayr qui se proclame calife en 681. On a alors une guerre civile (fitna). Yazid n’hésite pas à attaquer la ville sainte et Médine : il choque tout le monde musulman. Il bat le second fils d’Ali Hussein à la bataille de Karbala, c’est un véritable massacre entre musulmans. Les chiites sont massacrés. Karbala est, depuis, un lieu de pèlerinage des chiites, c’est leur deuxième lieu saint. C’est la rupture définitive entre le chiisme et le sunnisme. Il est suivi par d’autres parents de la famille Omeyyade.

Muawiya II (683-684) et Marwan Ier (684-685)

Abd al-Malik (685-705)

C’est le fils du cousin de Yazid. Il rétabli l’ordre et reprend la Mecque en 693. L’arabe devient la langue du gouvernement, c’est la fin de l’influence grecque sur le gouvernement. Il renforce les territoires déjà conquis, en 689 il signe une longue trêve avec Byzance et en 698, il conquiert Carthage. Il instaure aussi la monnaie arabe.

Walid Ier (705-715)

La dynastie omeyyade connait durant ce règne son apogée. Il poursuit les conquêtes, il arabise au fur et à mesure. Il autorise le départ de la conquête de la péninsule ibérique par Tariq ibn Ziyad (un berbère). Il approfondit les conquêtes orientales : prise de Bukhârâ en 709 et de Samarcande en 712. Il étend la conquête vers l’Asie centrale.

Les successeurs et l’arrêt des conquêtes

Ce sont les frères et les cousins de Walid qui prennent le pouvoir et qui se le disputent. Les fils essaient de prendre le pouvoir en vain. Le dernier calife omeyyade est Marwan II de 744 à 750. On a une meilleure organisation, le monde musulman est divisé en 9 provinces regroupés autour de 5 villes importantes : Irak et Iran autour de Kufa, l’Arabie avec Médine, l’Arménie et Djazîra autour de Mossoul, Egypte avec Fustat, la Syrie avec Damas, et l’Ifriqiya et l’Espagne autour de Kairouan. Chaque province est gouvernée par un Wali (gouverneur). Les grandes conquêtes sont terminées, on assiste à une arabisation de plus en plus importante. Il y a de nouveau des tensions. En 718, les musulmans assiègent de nouveau Byzance, c’est un nouvel échec. En 732, les musulmans sont arrêtés à Poitiers par Charles Martel. Les conquêtes s’arrêtent également vers l’Inde (principautés fortes). C’est la fin des véritables conquêtes.

En 720, les chrétiens ne peuvent plus être haut fonctionnaires, l’intolérance apparait et augmente : les églises sont confisquées, les chrétiens sont obligés de porter des vêtements spéciaux.

La fin des Omeyyades

De nombreuse révoltes de la part des chiites et surtout des kharidjites prennent de l’ampleur à la fin de la dynastie omeyyade ainsi que des révoltes dans les extrémités de l’empire. Ce sont surtout les querelles internes qui détruisent. Il y a aussi des différents entre les anciens convertis (= conquérants) et les nouveaux convertis (= conquis). Mais le danger le plus immédiat et le plus important, c’est la révolte des abbassides avec comme leader d’Abu Muslim, un ancien esclave d’origine persane. Il s’entoure de quelques membres de la famille éloignée du prophète. Le descendant d’al-Abbas (oncle de Mohammed) : Abu al-abbas prend la tête du mouvement, et dissémine toute la famille des Omeyyades sauf un : Abd al-Rahman qui échappe au massacre. Il se cache pendant 5 ans, arrive en Ifriqiya puis en Espagne et fonde l’émirat de Cordoue. C’est l’époque où l’on construit les mosquées car le monde musulman est trop grand pour n’avoir qu’un seul sanctuaire. C’est une période essentielle, c’est une grande période culturelle. Il commence à y avoir des tensions entre citadins et campagnards

Le califat abbasside, 750-946

Le califat abbasside dure en réalité plus longtemps mais à partir de 946, il n’exerce plus vraiment le pouvoir. Les abbâssides ont comme couleur le Noir (opposition avec la couleur blanche des omeyyades).

La réussite du premier siècle

Elimination des opposants

Le massacre de la famille omeyyade n’est pas le seul massacre, on assassine tous les partisans blancs. Durant 10 ans, on massacre tous les omeyyades. Le seul qui résiste est Abd al-Rahman qui s’enfuit petit à petit et atteint le détroit de Gibraltar. Les opposants sont aussi les chiites et les Kharidjites. De nombreux personnages jugés trop puissants furent éliminés (par exemple Abu Muslim). Il faut attendre 774-780 pour que les Abbâssides soient vraiment au pouvoir.

Une puissance reconnue

L’apogée, se situe durant le califat d’Haroun al-Rashid, le calife des 1001 nuits. Ces califes cherchent à instaurer leur pouvoir, on voit se décaler un peu plus le centre du pouvoir musulman, il se déplace vers Bagdad car l’islam se tourne davantage vers l’Inde… La capitale devient Bagdad en 762. Le pouvoir s’éloigne encore un peu plus des lieux saints. L’islam est de plus en plus influencé par les Perses. A L’extérieur, le califat abbasside est connu, surtout en occident. Il y a échange d’ambassadeur entre Haroun al-Rashid et Charlemagne. Tous les deux ont un objectif commun : l’isolement d’Al-Andalus (avec Abd al-Rahman Ier). Haroun Al-Rashid envoie des ambassadeurs aussi à Byzance mais avec Byzance, il n’y a jamais totalement de pacification. Au début du IXème siècle, la méditerranée est dominée par trois blocs, les carolingiens, les byzantins et les abbassides.

Un état califal organisé et renforcé

Il y a eu quelques grands règnes qui permettent les changements. Al-Mansur (754-755) qui a un grand rôle pour la répression, Haroun al-Rashid (755-813) et al-Ma’mun (813 à 833). Ce n’est pas la primogéniture qui est imposée mais l’hérédité. Ce qui est différent chez les abbassides, on prend les femmes parmi les esclaves, tous les enfants, qu’ils soient fils de princesse ou d’esclave, ils ont tous droit au trône.

Beaucoup de théologiens entourent les abbassides : les oulémas. Le calife est aidé dans ses fonctions par son conseiller le plus proche : le vizir (wazir), son rôle est de plus en plus important, d’abord charge honorifique, le vizir devint avec Haroun al-Rashid le chef du gouvernement. Le vizir d’al-Rashid est un Perse (première fois que ce n’est pas un arabe), c’est un chiite de la famille des Barmakides. Il est renvoyé à cause de montée de l’opposition. Le gouvernement est le diwan (bureau du gouvernement), d’abord c’est un gouvernement familial mais au fur et à mesure, le gouvernement se spécialise : le Kâtib (secrétaire) des trésors, le kâtib des affaires du calife… (Pareil en occident). La justice est rendue par les qadi. Cette administration naissante coûte chère, or il n’y a d’impôt que pour les non-musulmans à part l’aumône obligatoire. Cette aumône obligatoire se transforme peu à peu en impôt.

L’armée est de moins en moins arabe, au fur et à mesure que la conquête se répand, les arabes manquent, les autochtones dirigent de plus en plus l’armée. A partir du moment où le pouvoir abbasside s’affaibli, l’armée n’obéit plus. Les mercenaires prennent de plus en plus de pouvoir et ruinent les finances de l’Etat. L’armée multiplie les abus.

Le Déclin, 861-946

Il n’y a pas qu’une seule cause. D’abord, les califes sont de moindre envergure et restent très peu au pouvoir et ils sont de plus en plus souvent renversés par leur propre famille. Ils s’entourent de gardes turcs qui participent aux différents renversements et ce sont eux qui deviennent de plus en plus possesseur du pouvoir. Certaines provinces tendent vers l’émancipation

Il y a aussi une crise religieuse : le sunnisme se divise en quatre sectes. Une des principales est le malikisme (fuqaha = juristes). Il y a un mouvement extrémiste sunnite qui est le soufisme.

L’agitation sociale se dresse contre les impôts en 864-865 et 871-878 qui se déroule à Bagdad. Il y a aussi de l’agitation dans les autres coins de l’empire mais beaucoup moins documenté que celles de Bagdad. L’apogée de ses agitations religieuse est atteinte lors de la révolte irakienne entre 890 et 950. Un révolté irakien vole alors la pierre noire de la Ka’aba et cela entraine une crise religieuse. Les chrétiens qui deviennent alors plus fort reprennent Antioche. Le dernier calife notable est al-Mustakfi. Les abbassides sont après remplacés par des émirs iraniens chiites, les Buyides qui maintiennent des abbassides « potiches » au pouvoir. L’unicité de l’empire musulman est finie, les terres d’islam ne sont pas unifiées, l’épisode des Buyides marque l’explosion de la période « unitaire » avec l’apparition de différents califes (929 en Espagne, les Fatimides en 909 au Maghreb).

Pendant trois siècles, l’islam s’est étendu au VIIème, VIIIème siècle, et s’est approfondie du IXème au Xème. Après cela, c’est un recul très compliqué.

Publié dans Histoire médiévale

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article