Islam médiéval (4)

Publié le par pour-l-histoire.over-blog.fr

Chapitre 4 : Reculs et renouveaux, XIème, XVème

Après l’an mil, l’islam connait des phases de reculs et de renouveaux. La vision d’ensemble est compliquée. C’est le réveil de l’occident qui perturbe l’islam. A partir de la première moitié du XIème siècle, l’Islam s’approfondit, il y a une pénétration de la religion dans les régions. L’Islam s’enrichit grâce aux cultures locales, elle s’approfondie et est influencée par chaque régions. Il y a alors division de l’islam, il y a très peu d’unité.

La crise du XIème siècle

On assiste à un recul de l’islam, c’est une crise grave qui dure longtemps. Comment expliquer une crise si longue et si importante ? Cette période de crise correspond à une crise économique, un grave déclin économique car le commerce caravanier est en crise, il y a une baisse de l’agriculture liée à la crise politique. Mais surtout les causes de cette crise sont d’ordre politique et social. Il y a des luttes intérieures, des fitna qui sont due à la montée des peuples non-arabes.

Les divisions internes

Les Fatimides (909 au Maghreb – 969 à 1171 en Egypte)

Les fatimides sont des chiites ismaéliens venus du Yemen où ils sont persécutés, ils convertissent une partie des berbères. Ils sont très rigoureux et séduisent les musulmans qui sont désireux d’ordre. Ils s’emparent d’une partie du Maghreb et installent un califat en 909/910 dans une ville neuve qu’ils créent qui s’appelle Mahdiya. C’est la première fois que le calife arabe du Moyen-Orient  est destitué dans une région. Ce califat prend le nom de Fatima (la fille d’Ali). Ces fatimides se rendent impopulaires car ils alourdissent la fiscalité et veulent imposer le chiisme. Ils se heurtent à Abd Al-Rahman III qui les perturbe et ils se déplacent au Caire en continuant d’avoir de l’influence au Maghreb. Ils installent leur Califat (sous al-Mu’izz) dans le delta du Nil jusqu’au milieu du XIème siècle. C’est un puissant califat. Il prend du pouvoir face aux abbassides qui sont dominés par les Bouyides. Ils ont une véritable doctrine d’Etat. Les fatimides organisent  une Cour, le palais fatimide est un lieu de luxe, il y a de nombreuses fêtes publiques qui sont organisées. Cest un milieu très riche, les fatimides ont amassé un grands trésor à la fois culturel (livres…) et personnel. Au milieu du XIème siècle, ils traversent une grave crise qui est provoquée par une grande famine et des rivalités au sein de l’armée. Le calife fatimide perd peu à peu son pouvoir au profit du vizir. Jusqu’en 1171, le califat se maintien au pouvoir sous le pouvoir du vizir. Les fatimides font peser une menace très importante sur le califat abbasside, surtout en Syrie, aucun ne l’emporte réellement. Il faut compter aussi sur les byzantins. Ce qui permet aux fatimides de se mettre au centre de l’économie est l’arrivée des commerçants occidentaux (les italiens) à Alexandrie. C’est un régime très fort. Au milieu du XIème siècle, c’est le règne d’al Mustansir (1036 à 1094) : organisation politique très développée, organisation de la juridiction avec les ultama (théologiens juristes). A la fin du Xème, le Maghreb devient indépendant avec les Zirides. Le début du XIème siècle est l’époque la plus riche au niveau culturel avec la mosquée Al-Azhar avec sa grande coupole (influence sassanide). Il y a également le développement des bibliothèques qui attirent tous les savants du monde (Maïmonides vers 1165 venu récupérer les travaux du médecin Ibn Ridwân).

Les Seldjoukides (1055 à 1258)

Les seldjoukides sont les premiers envahisseurs du monde musulman. Ce sont des turcs. C’est d’autant plus humiliant d’être envahit par les turcs car c’est le foyer d’approvisionnement d’esclaves pour les arabes. Les turcs ont été confrontés à l’islam et se sont islamisés progressivement sans conquête territoriale. Ce sont des éleveurs, des commerçants nomades qui commencent à se sédentarisés progressivement. Dès 1038 les turcs entrent en territoire musulman. Ils sont rapidement préférés aux Bouyides car ils ramènent l’orthodoxie. Les Seldjoukides veulent mettre sous tutelle le califat. Au Bout de 5 ans, les Seldjoukides assurent le pouvoir grâce au Sultan = roi temporaire. Le calife est le chef des croyants et le sultan est le roi sur terre. Trois grands sultans qui se succèdent, ils sont sunnites et rétablissent l’orthodoxie sunnite en orient. Tughrïl beg est sultan de 1055 à 1062, Alp Arslân (1063-1072) et Malikshâh (1072-1092). Ces sultans stabilisent l’islam oriental en Syrie, en Iran et en Irak. Ils contrôlent tout l’Irak, toute la Perse, un grande partie de la Syrie, l’Anatolie et le Caucase mais ils sont bloqués au sud par les Fatimides, à l’Ouest par les Byzantins et à l’est par les Turcomans (turcs restés nomades). A partir du XIIème siècle, les Seldjoukides ne parviennent pas à instaurer l’hérédité. Les Occidentaux arrivent avec la première croisade. A l’Est, à partir du XIIème et du XIIIème, les mongols arrivent et les Seldjoukides sont chassés de Bagdad en 1258 en même temps que les Abbassides. Il y a donc au XIIème XIIIème un bouleversement complet des dirigeants de l’islam.

Les Seldjoukides ont connus une grande époque culturelle. Ce sont des théologiens et toutes les lois qui régissent le quotidien émanent du Coran. Nizam al-Mulk entre 1065 et 1092 a rédigé un livre sur le gouvernement : code de loi écrit en Persan, il crée également les madrasas (école où l’on étudie le droit), il fait ainsi progresser le sunnisme. L’armée Seldjoukide comporte 40 000 hommes (coute très cher) est composée de non-arabes : des turcs, des turcomans et des kurdes (peuple très important). Cette armée est assez hétéroclite est difficile à contrôlée mais met en place une aristocratie militaire.

Le réveil de l’occident

C’est la cause la plus importante du recul de l’islam. L’occident est en croissance démographique, celle-ci dure 3 siècles. Les Sarrazins en occident reculent en Espagne et en Sicile. Pourquoi ne pas aller à Jérusalem au lieu saint ? Les quelques victoires en occident motivent les occidentaux pour aller en Orient. Ce sont les villes italiennes qui poussent à la croisade. Il y a surtout JERUSALEM : il faut aller sur le tombeau du Christ qui d’après les rumeurs est inaccessible car gardé par les musulmans. Il y a des difficultés pour aller sur le tombeau car il y a une bagarre entre Fatimides et Seldjoukides (zone d’affrontement). C’est pour cela que les croisades se multiplient (8 croisades)

La première Croisade, 1096-1099
Ses causes

Réveil occidental, victoires en Espagne… Mais surtout le mouvement de paix : action de l’Eglise pour maintenir la paix en Occident entre chrétien : la Paix de Dieu (interdiction de combattre ceux qui ne sont pas en arme) et la Trêve de Dieu (interdiction de se battre certains jours, les jours saints). Il faut canaliser les combats entre seigneurs. L’Eglise encourage ce que l’on commence à appeler « les croisades » en Espagne (croix sur les vêtements = croisés). Autour de l’an mil on commence à généraliser le droit d’aînesse. En effet, dans toutes les familles nobles où l’on partage le territoire entre les fils, on apprend le travail des armes à tous les fils : les cadets jaloux du frère aîné, sans terre… sèment la zizanie. On les envoie alors à la guerre Sainte. Ce sont les causes principales mais ce qui déclenche la première croisade, c’est l’appel de l’empereur Byzantin : Alexis Comnène commence à craindre à cause des musulmans (il vient d’y avoir la rupture empire romain d’occident et d’orient en 1054) et fait appel au pape Urbain II qui a du mal à se faire accepter à Rome (à cause de l’empereur germanique). Urbain II fait la tournée des évêchés français et vient s’assurer du soutien des évêques. Il arrive à Clermont où l’évêque vient de mourir (il doit nommer un évêque), il prêche et appelle à la croisade le 25 Novembre 1095 à Clermont. Le prêche a dépassé l’intention de celui qui l’a prêché, on attendait cet appel, il a été suivi rapidement et massivement.

Le déroulement

Cette croisade a eu deux aspects :

Aspect populaire : quand Urbain II a vu l’impact de son appel, il a envoyé des émissaires pour appeler aussi à la croisade. L’occident est en pleine croissance au niveau démographique. Pierre L’Hermite envoie alors sur les routes des centaines de pauvres gens, des paysans, des femmes des enfants pour libérer le tombeau du Christ. Ainsi des milliers de paysans partent sur les routes et perturbent une grande partie de l’Europe. Ceux qui arrivent en Asie Mineure font capturer.

A côté de cette expédition paysanne, il y a une expédition seigneuriale. Aucun roi ne part car le pouvoir royal n’est pas fort. Les seigneurs qui décident de partir suivent le Duc de Lorraine : Godefroy de Bouillon qui prend la tête de la croisade. C’est un seigneur secondaire. Le chef religieux de cette croisade est l’évêque du Puy, Adhémar de Monteil. Cette croisade s’organise et elle part en 1096. Il y a 300 000 hommes qui partent par voie de terre, ils passent par l’Empire germanique, par l’Empire Byzantin puis essaient d’atteindre les lieux saints. Les croisés partent dans une très longue expédition terrestre. C’est une terrible épreuve pour les croisés, ils ne sont pas bien accueillis par les populations qu’ils traversent. Lorsque les croisés arrivent en Asie Mineure, la chaleur est intenable pour eux (sous leurs armures), 90% meurent d’insolation. Quand ils arrivent à Jérusalem, les croisés prennent la ville sainte après un long siège et, à bout de force, ils massacrent tout le monde dans la ville sainte. C’est quelque chose dont les musulmans n’avaient pas l’habitude, ils ne s’attendaient pas à ça. Le seul chroniqueur qui a compris que ce n’était pas juste un raid de pillage c’est Ibn al-Athir.

Les conséquences

Cette croisade aboutit à la création de 4 états latins d’orient : le Comté d’Edesse, la Principauté d’Antioche, le Comté de Tripoli et le Royaume de Jérusalem (dont le premier roi est Godefroy de Bouillon qui meurt en 1100), c’est une entité chrétienne au cœur de l’empire musulman. C’est la première fois que cela arrive pour les musulmans. La mosquée du rocher a été pillée et détruite et cela est devenu un enjeu (c’est à partir de ce moment-là que Jérusalem devient importante aux yeux des musulmans). A partir de la prise de Jérusalem, les croisés ne pensent plus qu’à rentrer chez eux, une question se pose : comment tenir des royaumes sans occupants ? Ainsi les ordres militaires monastiques sont créés : les templiers (ordre du temple, leur siège est au temple de Jérusalem) qui sont là pour protéger les pèlerins, ils protègent les lieux saints, ils deviennent aussi très vite des banquiers ( avance de l’argent du retour et les pèlerins signent une reconnaissance de dette, les seigneurs, de retour en occident, donne des terres pour payer sa dette ainsi que tout ce qu’il a promis,  c’est ainsi que les templiers deviennent une grande puissance banquière en occident)  et les hospitaliers qui donnent surtout des soins, ils soignent les pèlerins et leur donne l’hébergement et la nourriture. Pour les musulmans c’est une gifle, ils ont du mal à s’en remettre. Ils s’en remettent malgré les divisions, volonté de se réunifier, il faut presque un siècle pour que les musulmans se réunifient contre les chrétiens.

Les deuxième et troisième croisades

Elles ont la même motivation que la première, c’est la religion qui guide les croisés.

La deuxième, 1148-1149

Les musulmans reprennent du terrain, ils ont repris le comté d’Edesse, les chrétiens ne sont pas assez nombreux pour résister aux musulmans. La croisade est prêchée par l’ordre de Cîteaux, par Saint Bernard. Elle est très mal organisée, les rois participent à la croisade (contrairement à la première) et viennent avec  femmes et enfants. Cela multiplie les bagages. Aliénor d’Aquitaine accompagne le roi de France. C’est un voyage maritime, ils arrivent à la principauté d’Antioche. Les Francs n’arrivent pas à reprendre les territoires perdus, c’est un échec. (De plus Aliénor d’Aquitaine aurait trompé son mari avec le prince d’Antioche.) Cette croisade n’apporte rien, au retour, le roi et Aliénor divorce qui se remarie avec Henri II d’Angleterre.

La troisième, 1190-1191

Jérusalem est reprise par Salah al-Dîn (=Saladin). Saladin, un kurde, réunit les musulmans et reprend Jérusalem en 1187.Les chrétiens sont affaiblis, il y a de plus en plus de Poulains, il y a une acculturation de cette population, la culture musulmane est très attractive. La façon de se battre de Saladin est très différente de celle des autres musulmans. Il prend ainsi le dessus. Cette reprise de Jérusalem amène une troisième croisade. Trois rois partent à cette croisade : Richard Cœur de Lion, Philippe II Auguste et Frederik Ier (empereur germanique). Les deux premiers, qui étaient amis, partent en bateau (ne sont plus amis au bout d’un mois de bateau) alors que Frederik part par voie terrestre (l’empereur meurt en voyage). Les croisés n’arrivent pas à reprendre Jérusalem, ils ont en face d’eux un très bon chef militaire : Saladin. Philippe II Auguste repart au bout de quelques temps. Richard Cœur de Lion, chevalier dans l’âme, veut se couvrir de gloire, il reste 4 ans en terre sainte, il renforce les places militaires : le port de Césarée, la forteresse de Saint Jean d’Acre. Il se couvre de gloire mais néglige son royaume qui est attaqué par Philippe Auguste. Cette croisade est un échec car Jérusalem  n’est pas reprise.

Les croisades dévoyées

La 4ème croisade est un tournant, elle n’est plus dominée par la religion, c’est maintenant l’aventure et les richesses qui dominent les cœurs.

La quatrième, 1202-1204

Les rois occidentaux ne partent plus, c’est une croisade dirigée par une noblesse plus moyenne pour aller délivrer de nouveau le tombeau du Christ car l’empereur byzantin lance un nouvel appel au secours. Le transport doit se faire en bateau vénitien, cela coûte très cher et les croisés n’arrivent pas à payer. Les vénitiens négocient et demandent aux croisés de détruire Trieste, Muggia et Zadar (villes byzantines). Dandolo (doge de Venise) fait miroiter les richesses de Constantinople aux croisés. L’Empereur de Constantinople Alexis II, déchu à cause du coup d’Etat d’Andronic Comnène, demande aux croisés de l’aider, ils prennent Constantinople pour remettre sur le trône l’empereur. Cela jette un discrédit sur les croisés et avantage beaucoup Venise. C’est un échec condamné par la papauté et les rois, cette croisade détruit l’empire byzantin pour une soixantaine d’année, il n’y a plus d’empereur, ce sont des principautés.

La cinquième, 1217-1218

C’est la première croisade qui a lieu vers l’Egypte, elle a été précédé en 1212 par la croisade des enfants (mouvement spontanée d’adolescents qui partent pour libérer le tombeau du Christ, cette croisade est une catastrophe). Cette croisade a lieu pour vaincre les descendants de Saladin : les Ayyubides. L’Egypte est un lieu attractif, c’est le grenier à blé du monde musulman. Rien n’est pris, c’est une croisade marginale avec très peu de monde.

La sixième, 1228

Elle est dirigée par Frederik III, le seul souverain athée du Moyen-âge. C’est un intellectuel, un savant mais il est brutal. Il va en terre sainte car il est excommunié par le pape et veut se racheter. Il ne se bat pas mais il négocie avec al-Kamil. Traité de Jaffa en 1227, il récupère Jérusalem. Les deux mosquées restent simplement musulmane. Le pape n’est pas satisfait mais lève tout de même l’excommunication. Jérusalem est reprise en 1244 par les Ayyubides.

Les croisades de saint Louis

C’est la septième et la huitième croisade. C’est un homme très pieux. Devenu roi très jeune, il a un rêve, reconquérir Jérusalem.

La septième, 1248-1254

Lors d’une longue maladie, Louis IX fait la promesse que s’il guérit, il partira en croisade. On revient aux idéaux religieux qui motivent la croisade. C’est le seul roi qui part en croisade. Le roi veut reprendre Jérusalem occupée par les musulmans depuis 1244. Cette croisade débarque à Damiette dans le delta du Nil. Après une victoire à Damiette, les Francs sont battus à Mansourah. Le roi est fait prisonnier avec son armée. Le roi le plus fort d’Occident est prisonnier. Sa femme, partie avec lui, rassemble l’énorme rançon de son mari. Cela se passe en même temps que le passage des Ayyubides aux Mamelouks. Louis IX  reste encore 4 ans pour pacifier le pays.

On a aussi, à cette époque, une croisade des pastoureaux : les adolescents partent libérer le roi, ce mouvement est réprimé car il commence à devenir du brigandage. Après cette croisade, saint Louis se remet en question : « Etait-ce bien la volonté de Dieu que je parte en croisade ? »

La huitième, 1270

L’avancé des mongols dans les territoires musulmans inquiète les territoires francs d’orient. Les Mongols sont cependant battus par les Mamelouks avec Baybars qui s’attaque alors aux territoires latins. La croisade est donc prêchée, elle part vers la Tunisie car rumeur que l’émir de Tunisie veut se convertir. Le siège est installé devant Tunis mais le roi est malade, il a 60 ans. Il meurt de dysenterie devant Tunis. Le corps du roi est bouilli pour être conservé, dans du vin. Son frère prend la suite et s’empare du camp musulman.

Le mythe de la croisade

Avec saint Louis s’arrête les croisades. Il n’y a plus d’états chrétiens en terre sainte après la prise d’Acre par les musulmans. La seule terre éloignée est Chypre, c’est là que se retrouvent les poulains. Les derniers qui partent sont les templiers. Mais en occident, le mythe perdure, beaucoup rêvent de repartir en terre sainte. Le dernier à rêver de la croisade est Charles Quint. C’est aussi un mythe en Orient : l’image reste des francs brutaux, sauvages qui savent se battre et construire des forteresses. C’est un phénomène assez court dans l’histoire mais qui a des conséquences jusqu’à nos jours : la  rupture entre l’occident chrétien et l’orient musulman mais aussi avec l’orient chrétien.

Les principaux bénéficiaires de ces croisades sont les italiens : ils contrôlent la route de la soie et la route des épices.

Le redressement musulman, XIIème-XIIIème siècle

Almoravides et Almohades

Ce sont deux sectes religieuses d’Ifriqiya (Maghreb) qui arrête l’avancée des royaumes chrétiens en Espagne. Les Almoravides, secte du Maghreb repousse les chrétiens. Ils essaient de redresser la situation. Ils sont remplacés par une autre secte, les almohades et fondent Séville la capitale. C’est la deuxième apogée d’Al-Andalus. Ils sont battus en 1212 à Las Navas de Tolosa. Il ne reste après que le royaume de Grenade. Ce redressement est temporaire au XIIème siècle. Le redressement en orient est beaucoup plus net.

Zankides (1127-1174)

Ce sont des officiers turcs  qui redressent la situation. Zanki est le gouverneur de la province de l’Irak au nom du calife. C’est lui qui s’empare du comté d’Edesse en 1144. C’est lui qui commence à redresser la situation. Il libère la ville d’Alep dès 1130 (port commercial très important). Zanki est suivi par son fils Nûr al-Din. Son règne est centré sur la Syrie qu’il réunifie, il achève l’œuvre de son père. Il réunifie le Proche-Orient musulman par le djihad, la guerre sainte et reprend ainsi le contrôle de l’Egypte contre les Fatimides avec l’aide de Saladin. On a un durcissement à la fois religieux, politique et militaire des musulmans à cause de la croisade, ils se sont raidis sur leur position. Cela a bloqué les dérives religieuses. Les turcs renforcent ce durcissement car ils ne sont pas arabes : ils veulent être plus musulmans que les musulmans arabes. Zanki continue la conquête du royaume d’Edesse. Un de ses fidèles est un kurde : Shirkûh. Il essaie d’éradiquer le shiisme. Shirkûh a un neveu : Salah al-Dîn. Il amène son neveu au pouvoir.

Les Ayyubides (1174-1250)

Ce sont des kurdes descendants d’un certain Ayyûb. Salah al-Dîn ibn Ayyûb est donc l’héritier de Shirkûh et reçoit l’administration de l’Egypte, il contribue à l’écartement des Fatimides. En 1174, il remplace Nûr al-Dîn, il réorganise l’Egypte et se dote d’une armée très efficace. Sa bête noire c’est un croisé qui possède des terres en Cisjordanie : Renaud de Châtillon, c’est un provocateur. Il y a prétexte pour Saladin de mener le jihad. La victoire en Juillet 1187 : la victoire de Hâttin près du lac de Tibériade. L’armée chrétienne de Jérusalem a fait une erreur militaire : se sont aventuré au dehors de la ville pour affronter l’armée de Saladin. C’est Guy de Lusignan qui dirige l’armée. Cette défaite laisse la ville de Jérusalem à la merci de Saladin, siège de la ville pendant 45 jours puis négociation : payer pour pouvoir partir, les autres restent en esclavage. Le 2 Octobre 1187, Saladin reprend Jérusalem après 45 jours de siège. Saladin a le sens de la propagande : il n’est pas un assassin, il fait grâce, le mythe de Saladin commence à naître, surtout chez les occidentaux : idéal chevaleresque. Dès la fin du XIIe siècle, le mythe commence en occident : Saladin serait chrétien… Les croisés lors de la troisième croisade se comportent mal : ils assassinent beaucoup de musulmans. C’est aujourd’hui que le mythe de Saladin est exploité, changé et utilisé par les extrémistes musulmans. Le mythe est surtout développé à l’époque contemporaine. Saladin meurt en 1193. Problème de succession, c’est son neveu qui lui succède mais pas la même envergure et division, plus d’unité. Le dernier ayyûbide est Tûran Shâh, c’est lui qui a pris Saint-Louis à Mansourah puis se fait assassiner par les Mamelouks.

Le sultanat Mameluk (1250-1517)

Le plus connu des sultans mamelouks est Baybars (1260-1277). Ces mamelouks sont des esclaves destinés à l’armé et affranchis. Ils constituaient un corps d’élite dans l’armée. Ils contrôlaient l’Egypte et une partie de la Syrie. Ils mettent en place une solide administration et un système de communication assez remarquable qu’on appelle le barîd. En 1259/1260, ce sont eux qui arrêtent les mongols. Bataille connue : Ayn Jalût. Ils n’arrivent cependant pas à contrer l’avancé des turcs qui aboutit à la prise de Constantinople.

Retour de l’instabilité XIVe –XVe siècles

Les territoires musulmans sont envahis de toutes parts : à la fois par les turcs et par les mongols

Les Ottomans

Les ottomans sont des peuples turcs qui, à l’origine vivaient en Asie Centrale près de la Mer Caspienne. Ils sont coincés entre les byzantins et les mongols. Ils engagent leur progression à partir de 1302 (surplus démographique). Les turcs se divisent en deux clans, les Turcomans qui restent en Asie Centrale et restent des nomades éleveurs de chameaux. Il y en a d’autre qui se déplacent et qui s’installent dans les régions entre byzantins et musulmans, ils se convertissent et forment des petits émirats entre les deux. Othman ou Osman Ier installe un émirat fort et attaque l’empire byzantin en unifiant quelque peu les turcs. Lui et son fils Orhan arrivent à expulser les byzantins de la péninsule anatolienne. Les turcs interviennent dans les luttes successorales byzantines. Orhan épouse une princesse byzantine. Lorsqu’Orhan meurt, les turcs tiennent le détroit de Dardanelles. Son successeur est Murad Ier (1362-1389), il est le créateur de la puissance ottomane en Europe de l’Est, il s’empare de tout le Nord de la Grèce mais ne prend pas Constantinople, il est assassiné en 1389. Il a mis en place un solide gouvernement. Ils reprennent le modèle mamelouk et le reconstitue à son profit. Son successeur s’appelle Bayezid Ier, il poursuit l’action de son père, il se tourne vers l’empire musulman, il uni les émirats turcs et poursuit la conquête vers l’Europe et est aux portes de la Hongrie entre 1393 et 1395, l’Empereur Sigismond demande de l’aide pour faire face aux turcs : défaite chrétienne à la bataille de Nicopolis. Cette défaite a un énorme retentissement en Europe. C’est à ce moment que les Turcs sont arrêtés par Tamerlan (mongol-turc)

Tamerlan

C’est un turc qui est resté en Asie centrale, c’est un turco-mongol, c’est un mélange entre mongols et turc. Sa capitale est Samarcande dans la région de Transoxiane. Il arrête l’élan turc en faisant essentiellement des raids de terreur et des conquêtes éphémères. Il prend le pouvoir autour de 1370 et il étend son autorité sur l’iran, l’Irak et l’Azerbaïdjan. A partir de 1392 ? il s’attaque aux turcs d’Anatolie, il obtient la soumission théorique des byzantins et des mamelouks et il bat Bayezid le 20 Juillet 1402. L’affaire se termine en 1404 lorsqu’il s’attaque à la Chine où il est tué. Cela a pour mérite de convertir à l’islam toute l’Asie Centrale.

La prise de Constantinople, 1453

Après l’épisode Tamerlan, les Ottomans reprennent leur progression, Mehemet II redonne tout son lustre à l’empire ottoman et prend la capitale byzantine en Mai-Juin 1453. C’est la fin de l’empire romain d’Orient (début de la fin du Moyen-Age). Soliman Ier le magnifique.

Les turcs avaient été ralentis par Tamerlan, il leur a fait prendre un demi-siècle de retard. A partir de 1420, la situation dynastique se stabilise. Il y a eu deux grands sultans : Murad II (1421-1451) et Mehemet II (1451-1481), ces sultans reprennent une marche en avant. Leur avancé s’appuie en premier sur l’administration intérieure, ils se donnent le moyen financier pour cette conquête. Constantinople est à nouveau menacée et la conquête se fait en Mai 1453. Cette prise de Constantinople a été une grande réussite musulmane, elle a un énorme retentissement, c’est la fin de l’empire byzantin, toute une partie de l’Europe du Sud-Est est prise. Ils islamisent les populations. En 1479, Venise fait la paix avec les turcs, début de l’alliance Venise-turcs.

En conclusion, la deuxième moitié du Moyen Age est beaucoup plus difficile pour le monde musulman, l’empire est devenu très vaste, difficile à gérer et il doit affronter des particularismes régionaux très puissants. En effet, l’empire musulman n’est plus exclusivement arabe, les arabes perdent la direction de l’empire avec les Seldjoukides (turcs), les kurdes et de nouveau les turcs avec les ottomans. Le monde musulman n’est pas unifié. Cette instabilité n’empêche pas des phases prospères et d’extension comme au XIIe ou au XVe siècle. C’est dans les difficultés que la religion musulmane se fige et se durcit, le rôle des croisades est essentiel dans ce durcissement.

Publié dans Histoire médiévale

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