Historiographie antique

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Présentation du cours :
         Quelle antiquité ? L’antiquité gréco-romaine. L’antiquité fait partie des époques étudiées, c’est l’époque antérieur au triomphe du christianisme et à la grande régression démographique et économique du Moyen Age (chute de l’esclavage et ruralisation). La fin de l’Antiquité correspond arbitrairement à l’année 476, c'est-à-dire à la fin de l’empire romain d’occident. Quand faire commencer l’antiquité ? le début de l’écriture se situe au 4ème millénaire avant Jésus-Christ, c’est un moment important car l’Egypte et la Mésopotamie se développent alors. Ce cours se concentre sur l’historiographie grecque et romaine. La démarche des historiens de l’antiquité est différente de celle des historiens d’aujourd’hui, le critère de vérité est différent, il n’y a pas de réel travail critique sur les sources. L’Histoire nait de l’enquête des historiens.

 

Aperçu de la périodisation, du découpage chronologique de l’Antiquité grecque et romaine. Le découpage traditionnel est une pure invention des historiens d’aujourd’hui, plus on remonte dans le temps, plus les dates sont approximatives. Les premiers textes littéraires apparaissent au VIIIe siècle avant Jésus Christ.

Périodisation de l’Histoire grecque :

3000-1100 : Age du Bronze

Il tient son nom de l’utilisation dominante du Bronze. Deux civilisations se suivent à cette époque :

La civilisation minoenne active jusqu’en 1400, son commerce maritime est important et on relève des preuves d’écriture syllabique non encore déchiffrée : le linéaire A.

La civilisation mycénienne (de Mycènes) active de 1500 à 1100 qui se reconnait à ses grands palais. L’écriture de cette civilisation est déchiffrée, c’est une écriture syllabique appelée le linéaire B.

Cette époque est la protohistoire grecque car il n’y a pas de textes et ces civilisations ont été découvertes assez tardivement.

1100-750 : Haut Archaïsme

Vers 1200 avant Jésus Christ, la civilisation mycénienne s’effondre dans des conditions inexpliquées, les palais sont incendiés et cela entraine la disparition de l’écriture dans le monde grec. C’est la naissance d’un âge obscur surtout entre 1100 et 900. On observe de vastes mouvements de population et l’installation des grecs sur les côtes de l’Asie Mineure. L’écriture est de nouveau utilisée vers 750 en empruntant l’écriture phénicienne. Dans les environs de 750 sont écrits les poèmes d’Homère, l’Iliade et l’Odyssée. Des incertitudes restent à l’encontre de ces textes, parlent ils du monde mycénien, de son époque ou alors d’une époque intermédiaire ?

750-480 : Archaïsme

Cette époque est caractérisée par l’apparition des cités (polis), c’est un espace politique composé d’un centre urbain et de son territoire mais c’est aussi l’ensemble des citoyens qui votent en assemblée. Cette organisation est marquée par des troubles à cause d’une mauvaise répartition des terres. C’est une période de législation mais aussi de colonisation (vers la Grande Grèce, vers la Sicile, autour de la mer noire et jusqu’en Libye). Ils créent ainsi des cités sur tout le pourtour méditerranéen. Historien de l’époque : Hérodote.

480-336/323 : Classicisme

C’est durant cette période que le genre historique apparait à proprement parlé avec Hérodote et Thucydide. C’est l’apogée du système politique de la citée et la production artistique est remarquable malgré les guerres incessantes. Athènes a un rayonnement remarquable par les sources, l’Acropole, la démocratie et son rôle important durant les guerres médiques (480 : victoire des athéniens sur les Perses). Spartes a une position de rivale face à Athènes durant la guerre du Péloponnèse  (432/431-404/403), cette guerre est surtout décrite par les historiens athéniens. Cette période se finie par la venue d’Alexandre le Grand de Macédoine avec les conquêtes, le monde grec se développe alors jusqu’en Mésopotamie.

336/323-31 : Epoque Hellénistique

A la mort d’Alexandre, l’empire est divisé en plusieurs monarchies. Le système politique de la citée demeure mais celles-ci sont englobées dans des systèmes politiques plus vastes : les royaumes. Ces colonisations du pourtour méditerranéen  permettent une rencontre entre la culture grecque et les cultures locales qui amène la diffusion de la langue grecque (helléniste : qui parlent grec). C’est à cette époque que l’histoire grecque et l’histoire romaine se rencontrent, il commence à y avoir intervention de la part des romains chez les grecs. Les romains commencent à conquérir à partir de 167 (victoire romaine sur le roi de macédoine à PYDNA). La macédoine est alors divisée en plusieurs territoires administrés par les romains. Le dernier royaume qui résiste encore est l’Egypte avec Cléopâtre.

Périodisation de l’Histoire romaine :

753 : fondation légendaire de Rome par Romulus

753-509 : Royauté (600 : Occupation des Etrusques de plus en plus importante)

509-27 : République romaine

C’est au milieu du IVème siècle que Rome s’impose en Italie centrale, elle profite de la division des latins pour s’étendre. C’est une ville qui domine grâce à des traités d’alliance et à des colonies. Elle conquiert au fur et à mesure toute la péninsule italienne et commence à s’étendre autour de la méditerranée. La montée des conflits sociaux qui amènent à la guerre civile permettent la recherche d’un homme providentiel qui unirait les romains : nouvelle organisation et création du principat d’Auguste. Sous Auguste, Rome représente tout le bassin méditerranéen ainsi que la Gaule et toute la Germanie.

27bc-235ac : Haut Empire

Trois dynasties se détachent :

Les Julio-Claudiens. L’historiographie est sévère avec cette dynastie. Les empereurs sont montrés comme des monstres.

Les Antonins avec qui l’historiographie est davantage clémente.

Les Sévères.

235-476 : Bas empire

C’est l’antiquité tardive, il y a une crise au IIIe siècle, avec des invasions, des crises économiques et sociales, jusqu’à la venue de l’empereur Dioclétien. A partir de ce règne, le dominat devient au fur et à mesure une monarchie de droit divin. En 313, l’empereur Constantin accorde la liberté de croyance grâce à l’Edit de Milan. Convertit au christianisme, il fonde Constantinople, l’empire est alors divisé en deux pôles. De nombreuses invasions mettent fin à l’empire romain d’occident et l’empire romain d’Orient devient l’Empire Byzantin, c’est la fin de l’Antiquité.

 

Comment connaissons-nous les historiens de l’Antiquité ?

Les textes grecs et romains se sont surtout transmis à l’oral au début mais vers la période hellénistiques, les textes commencent à être fixés et mis par écrit. Ils sont inscrits sur du papyrus, les bibliothèques se multiplient. Beaucoup d’œuvres ont été perdues ou gardées partiellement à cause d’un tri des œuvres (on ne recopie que ceux qui plaisent), à cause des pillages et des destructions (exemple de la bibliothèque d’Alexandrie). Certains empereurs (Adrien) enrichissent les bibliothèques. La dernière cause de perdition est le fait que les supports d’écriture changent et tout n’est pas retranscrit : le passage du volumen en papyrus au codex en parchemin et le passage de l’écriture onciale majuscule à l’écriture cursive au IXe siècle (=épuration). Aucun manuscrit grec ne remonte de l’antiquité, tous sont écrits après le IXe siècle. En 1453, avec la chute de Constantinople, il y a un nouvel apport de manuscrit en Occident et cela amène à la renaissance italienne puis française, c’est un retour aux textes antiques, la redécouverte des auteurs grecs. C’est le début de la philologie. En 1530, Guillaume BUDE crée le collège de France. On a redécouvert un certain nombre de papyrus, des textes grecs en Egypte lors de la découverte des momies.

Les premiers historiens grecs

Ces historiens sont appelés des logographes (écrivains du discours), ils écrivent en prose et s’intéressent à la fondation des villes, ils écrivent des généalogies, des récits de voyage…

Le premier de ces écrivains est Hécatée de Milet.  Il a vécu lors des guerres médiques (490-480), on connait son œuvre (Généalogies et Description du monde) de façon fragmentaire. Il fait preuve d’une méthode remarquable car il essaie de trouver quelle version des évènements est la plus juste : « Je consigne ce qui me parait vrai car nombre de récit des grecs sont risibles à mes yeux ». Il y a un souci d’exactitude remarquable, il a une critique raisonnée des différentes traditions. On passe avec lui petit à petit du récit mythique à l’Histoire.

Le plus connu des historiens grecs est Hérodote d’Halicarnasse. Le genre historique fait un bond en avant, c’est le « père de l’Histoire ». Il est né en 480 avant Jésus-Christ à Halicarnasse. Il est obligé de quitté cette ville à cause du tyran LYGAMIS. Il entreprend alors de nombreux voyages, en Egypte, en Perse, en Phénicie, en Assyrie, dans la Cyrénaïque, en Italie du Sud… Mais il ne connait ni Carthage, ni Marseille, ni l’Etrurie. Il est allé à Athènes, faire des lectures de son œuvre, Athènes est alors dominée par Périclès qui est un ami d’Hérodote. Sur l’ordre de Périclès, Hérodote part fonder une ville : THOURIOI. Il y meurt vers 425.

Document 1 :

Il fait l’exposé de son enquête : HISTORIES APODEIXIS. Histôr veut dire témoin. Un historien est quelqu’un qui sait parce qu’il a vu. Hérodote veut éviter que les exploits grecs ou barbares et que la cause de la guerre ne soient oubliés. Il raconte dans son œuvre les guerres médiques entre les grecs et les Perses conduits par Darius. Ces guerres commencent avec la prise de Milet, les Perses vont alors essayer d’envahir la Grèce et seront refoulés  à la bataille de Marathon. Son sujet : la recherche des causes du conflit (guerres médiques). Va parler de différentes causes mineures : enlèvement de femmes… Pour lui la véritable cause de ces guerres c’est l’impérialisme perse. Hérodote décrit l’empire perse, récit de l’extension de l’empire perse grâce aux rois Cyrus, Cambyse, Darius et Xerxès. 9 livres qui portent chacun le nom d’une muse. Dans les 5 premiers livres : grand nombre de digressions, de la description des pays conquis. Chaque fois que l’empire perse envahit un pays, Hérodote rassemble tout ce qu’il sait sur ce pays. Il veut voir par lui-même et recueillir les témoignages oraux puis les écrits. Hérodote s’intéresse à tout et expose tout ce qu’il sait, il aime beaucoup les anecdotes, le merveilleux. La plupart du temps, il ne choisit pas les versions, il livre tout même les versions que l’on ne peut croire. Son centre d’intérêt est l’ethnographie : les coutumes, la diversité des mœurs humaines. Pour lui la Grèce est le centre culturel pour lui. Aux confins du monde, il y a tous les excès, au niveau climatique, au niveau de la végétation, des animaux. Plus on s’éloigne plus les hommes ignorent la vie sociale.

Le temps chez Hérodote : les grecs n’avaient pas de calendrier commun et donc pas de chronologie absolue. Hérodote rapporte l’histoire, les traditions de différents pays intégrant une temporalité différente. Malgré cela il arrive à donner une chronologie assez juste. Le calendrier de chaque cité est fixé à partir du magistrat éponyme pour chaque cité. Même le nom des mois est différent d’année en année. Le seul point de repère est les Jeux olympique. 480 avant Jésus-Christ : Bataille de Salamine : l’année des 75ème jeux olympiques et magistrature de Caïadès. Référence double pour le passé proche. Pour avant, il utilise les règnes et les générations (3 générations font 100 ans). Sa conception de l’histoire est cyclique : roue qui tourne et qui ne laisse pas toujours les mêmes heureux ; et linéaire : l’hybris (dépasser sa destinée, orgueil, désir d’accroitre les richesses) est toujours punie par les dieux, deux personnes sont l’image de cette démesure : Xerxès et Crésus (roi de Lydie).

Dès l’antiquité, les historiens ont été partagés, Hérodote est le premier des historiens selon Cicéron mais selon Cicéron aussi, il est trop superstitieux, on lui reproche son gout de l’anecdote. Cependant, grâce à l’archéologie, on se rend compte que beaucoup d’écrits d’Hérodote sont vrais.

 

Thucydide : figure majeure du genre historique en Grèce. C’est aussi l’historien d’une guerre : celle du Péloponnèse (432-404/403), elle oppose les cités grecques en deux camps : Ligue de Délos (ligue maritime) avec Athènes face à la ligue du Péloponnèse (ligue terrestre) avec Sparte.

L’auteur est issu d’une grande et riche famille d’Athènes célèbre par l’un de ses généraux : Miltiade, le héros athénien de Marathon, un deuxième homme important : Cimon à la tête de la ligue de Délos. Thucydide est aussi un proche de Périclès, il fait partie de ses cercles. Il fait partie des Sophistes (professeurs de philosophie, de morale et de rhétorique qui ont formé les jeunes riches athéniens à l’art du discours). Importance des discours politiques dans son œuvre. Thucydide a participé à cette guerre, il est stratège. En 424, il doit défendre Amphipolis contre Brasidas, il est vaincu est contraint à l’exil par les athéniens, il se met alors à l’histoire pour raconter l’histoire très proche. Il fait le panorama du monde grec de la guerre de Troie jusqu’aux guerres médiques cependant pour lui la seule histoire fiable est celle du présent, celle dont il a pu vérifier les informations. Il reproche à Hérodote son gout du merveilleux et son désir de plaire. Thucydide écarte le merveilleux, l’anecdote, il n’y a pas d’interventions divines dans son œuvre, c’est lui-même qui apporte une raison logique.

Organisation de son œuvre en 8 livres dont le huitième est interrompu (s’arrête en 408/410). Le livre 1, c’est l’archéologie (ce qui s’est passé avant la guerre du Péloponnèse) et les causes de la guerre. Les livres 3-4 et 5 rapportent chacun une partie de la guerre. Les livres 6 et 7 sont consacrés à l’expédition en Sicile par les athéniens. Thucydide apporte un très grand choix : année par année, il raconte ce qu’il s’est passé, chronologie stricte et relative = réussir à dater les évènements rapporter par Thucydide. La bataille de l’Eurymédon (représailles contre les Perses par les Grecs après les guerres médiques) est datée entre 476 et 462. Thucydide commence à dater par magistrats à partir de 450 (on arrive à davantage daté à partir de 450).

La guerre du Péloponnèse dure de               431 à 421. Nombreuses incursions dans chacun des deux camps. Après ces dix ans intervient une période de trêve rompu en 413 par une expédition en Sicile par les athéniens pour trouver des ressources. Cette expédition est mal menée et finie par un désastre. Cela réenclenche la guerre, cette fois ci, les Spartiates sont aidés par les Perses et battent les Athéniens sur leur domaine de prédilection : sur la mer (construction d’une flotte). Pour Thucydide, le moteur de l’Histoire dans cette guerre est la psychologie humaine, la cause profonde (alesthate prophasis) de cette guerre est la volonté d’expansion des deux cités et surtout l’expansion athénienne, il y a aussi des griefs, des causes immédiates (aitiai), ce sont les conflits entre les cités alliées et les rivalités commerciales entre Athènes et deux alliés de Spartes (Corinthe et Mégare). Différence avec Hérodote, l’hybris est inscrit dans le cadre rationnel de la cité, pour lui, l’Histoire c’est les rivalités d’entités politiques qui s’expriment à travers le cadre de la cité. Importance du discours politique chez Thucydide. Le discours illustre le système politique grec. La lutte entre les cités se voit aussi grâce aux discours politiques.

Thucydide a connu l’issue de la guerre, la défaite athénienne illustre ses propos. Son récit s’arrête en 411, cette année est marquée par une révolution oligarchique en 411 (aurait peut-être participé à cette révolution). Pas de géographie ni de description de coutumes chez Thucydide contrairement à Hérodote, ce sont essentiellement des faits politiques, la dimension religieuse est presque absente. Chez Thucydide, la fracture se voit au sein du monde grec, cette fracture se situe sur le plan moral entre la modération et la violence. Il met en avant la démocratie à Athènes. La fin de la guerre à Athènes a mis à rude épreuve la démocratie.

 

Xénophon : (430-355), génération qui suit celle de Thucydide. C’est l’écrivain grec classique par excellence, au niveau chronologique et au niveau de son genre. Il est à l’aise dans tous les genres mais excellent dans aucun, il a écrit dans plusieurs genres (polygraphe). Il est né à Athènes, dans une famille aristocratique. Education de luxe, disciple de Socrate jusqu’en 401 av. Il a écrit des œuvres sur Socrate : les Mémorables, l’Apologie de Socrate et le Banquet. Il le présente sous un jour beaucoup plus familier. Les sympathies politiques vont vers le système oligarchique (assez courantes : Platon, Alcibiade…). Les sympathies oligarchiques vont de concert avec l’admiration pour le système politique de Spartes. C’est aussi un homme d’action, il quitte Athènes en 401, il s’engage dans une expédition en Perse pour soutenir Cyrus le jeune contre Artaxerxés. Cyrus le Jeune engage des mercenaire grecques, cette expédition échoue, Cyrus est tué, tous les généraux grecques sont massacrés et c’est Xénophon qui va prendre la tête des troupes : la retraite des dix milles raconté dans l’Anabase. Spartes est la grande victorieuse mais la guerre du Péloponnèse a provoqué de grands changements : militaires sans soldes après la guerre donc dangereux donc occuper cette population en Perse. Au retour, les mercenaires loue leurs services aux différents rois. Xénophon, de retour à Spartes est invité par les grands spartiates, il est alors exilé d’Athènes à cause de son amitié avec les perses et à cause de son laconisme. Il se réengage dans l’armé spartiate, participe à la bataille de Coronée en 394 puis il se retire dans un grand domaine dans la cité de Scillonte en Elide. Vie d’un grand propriétaire terrien. Il revient à Athènes à l’âge de 60 ans.

Ses œuvres sont extrêmement variées, elles correspondent aux différentes époques de sa vie : sur Socrate, récits techniques sur la chasse, l’équitation, la gestion d’un grand domaine, il écrit des traités économiques et fiscaux, des traités politiques, une constitution des Lacédémoniens (il est pro-spartiate). Il a écrit également des biographies plus ou moins romancées : Agésilas, Cyropédie (enfance de Cyrus l’ancien) = créateur du genre romanesque = intérêt pour la Perse et pour Spartes. Les œuvres historiques sont l’Anabase (journal de route avec plein de détails pittoresques) et les Helléniques dans laquelle il prend la suite de Thucydide en 411 jusqu’en 362. Les Helléniques parlent de la fin de la guerre du Péloponnèse, de la domination du monde par Sparte et de la montée en puissance de Thèbes (371 : victoires contre les spartiates à Leuctres et 362 : fin de cette puissance par la bataille de Mantinée avec la mort d’Epaminondas). Jugement en défaveur de Xénophon par rapport à Thucydide, retour aux explications d’ordre divin, reproche de sa spartialité (pro-spartiate). Son œuvre historique et ses opinions politiques ont évolués : d’abord il est contre la démocratie, il se tourne alors vers le régime Spartiate dirigé par une élite militaire. Dans un dernier temps il évolue vers une monarchie éclairé où le roi serait un mélange entre Cyrus et Agésilas.

 

Polybe est un grec né en 208  et mort en 126 ac. Polybe est né dans le Péloponnèse dans la citée de Mégalopolis, à ce moment, la Grèce est en guerre souvent avec Rome. De son côté Rome affronte Carthage avec Assurbanipal. Après cela, elle se tourne vers la Grèce et étend sa domination sur les royaumes hellénistique et remporte des victoires contre les rois de ces royaumes : 1ère guerre de Macédoine contre Philippe V (198), guerre contre l’Asie contre Antiochos III (190/188) et 2ème guerre de Macédoine contre Persée (fils de Philippe) avec une grande bataille : PYDNA en 168. Polybe est un magistrat important de la ligue achéenne (état fédéral qui rassemble les cités du Nord du Péloponnèse), cette ligue est resté neutre durant la 2ème guerre de Macédoine. Après cette guerre, Rome, pour contrôler cette ligue achéenne décide qu’on lui livre une centaine d’otage dont Polybe. Il se lie d’amitié avec un grand nombre de grands romains, il se met à l’écriture de l’Histoire. Il revient en Grèce après quelques années mais reste très attaché à Rome. Il suit la destruction de Carthage, il est chargé de la pacification de la ligue achéenne lorsqu’elle se révolte contre Rome. Le thème de son Histoire est comment Rome, une citée état,  a pu étendre sa domination à presque toute la terre. Il s’adresse aux grecs. Un tiers de son œuvre est connu, il y aurait une douzaine de livres, on connait les 5 premiers dans leur intégralité. La méthode de Polybe est très scientifique et rationnelle, il évoque tous les évènements connus : une histoire universelle. C’est une histoire pragmatique : histoire politique et militaire, c’est aussi une histoire explicative, démonstrative, comparative (mise en parallèle les personnages, les constitutions, les coutumes des différents pays). Il écarte le divin, l’irrationnel, il est très attentif aux rôles des individus. Il utilise comme sciences auxiliaires la géographie et l’ethnologie. Pour lui, l’histoire est le meilleur moyen d’instruire les politiques. Cette histoire s’appuie sur un présupposé : Rome a une vocation de domination universelle, elle est guidée par une providence qui dirige les évènements pour que Rome ait une domination universelle. C’est Polybe qui a créé l’idée d’un empire romain providentiel universel. Raisons pour lesquelles Rome impose sa domination : la constitution romaine est une constitution mixte = mélange de plusieurs modèles : monarchique, oligarchique… Il est fier de sa capacité à analyser les évènements historiques, il ne remet jamais en cause ses présupposés, conscient de l’importance de son œuvre. Pour lui, il n’y a pas de conflit d’idée ni de conflits sociaux dans la classe dirigeante = pas de division (ne parle pas des problèmes sociaux avec la plèbe si avec les alliés). Polybe est un membre de la classe dirigeante soumise mais prend parti pour le dominateur. Pour lui Rome est un membre de la communauté civilisé qu’est le monde grec, il n’utilise jamais l’ethnographie pour étudier Rome. C’est un grand analyste politique, militaire, son œuvre a été utilisé comme un traité de droit constitutionnel, un manuel pour les officiers d’état-major et un livre d’enseignement politique.

 

Salluste (historien latin) vi au premier siècle avant Jésus Christ, c’est un historien des crises de la république romaine, c’est le premier grand historien romain. (86/36 av.) Période de guerre incessante avec l’extérieur et crises intérieures. 1ère crise : la guerre sociale contre les alliés de Rome jusqu’en 88 avant Jésus Christ (Marius et Sylla), guerre contre Mithridate VI où Sylla s’illustre encore, il tente après un coup d’état. Révolte des esclaves avec Spartacus (73/71) écrasée par Crassus. Coup d’Etat de Catilina sous Pompée. 1er triumvira en 69 entre Pompée, Crassus et César : Pompée épouse la fille de César. Nouvelle tentative de coup d’état par Claudius (tribun de la Plèbe). La fin du 1er triumvira met face à face Pompée et César et aboutit à la guerre civile, César gagne contre Pompée. Salluste a eu une carrière politique, il a été quêteur, édit, consul, censeur, tribun de la Plèbe. Il se range du côté populaire, il est allié à César et est hostile à Cicéron, il est aussi hostile à Million, il est radié du Sénat e 50 av. Jésus Christ et va dans le camp de César grâce à qui il réintègre le sénat. L’année suivante il est proconsul en Afrique (mauvaise gestion de l’Afrique), César lui impose de se retirer des affaires politiques. Après, Salluste se consacre à l’écriture et à l’histoire. Pessimisme historique et moraliste, c’est un homme riche dont la carrière a avorté et qui se met au service de l’Etat par l’écriture de ces histoires. Comme thème général : Rome touche à sa fin, elle se détruit à cause de la classe dirigeante aristocratique (trop d’ambition). Il a écrit des monographies sur des épisodes circonscrits dans le temps mais très significatif : La conjuration de Catilina, La guerre de Jugurtha et Des Histoires. La Conjuration de Catilina : évènements qui éclatent en 59 av. Jésus Christ, Catilina est dans l’entourage de Crassus mais échoue deux fois au consulat, il tente un coup d’état en s’appuyant sur les nobles ruinés. Cicéron parvient à lui faire quitter Rome, il se réfugie en Etrurie et là il lève une armée rebelle, c’est alors Caton qui est envoyé (tribun de la plèbe en 62) parvient à avoir l’exécution des plus proches rebelles de Catilina. Juste après la préface, il fait le portrait de Catilina comme un méchant homme. La conjuration de Catilina est arrêtée par César et Caton : deux grands généraux en opposition. La Guerre de Jugurtha écrite vers 50 avant Jésus Christ, il rapporte des évènements de 120/118 avant Jésus Christ. C’est une guerre entre Rome et le royaume de Numidie qui connait une crise dynastique et qui est partagée entre ses trois héritiers dont Jugurtha qui élimine les deux autres pour prendre le contrôle du Royaume. Guerre entre les deux car Rome a peur de la puissance que commence à prendre Jugurtha. Les Histoires  de Salluste a été perdue, il ne reste que quelques restes, c’est sans doute la pièce maitresse de son œuvre qui était sans doute entre les deux périodes. Salluste est très défavorable à Sylla. Salluste a lu Thucydide. C’est un auteur difficile qui donne une image très sombre de cette période.

 

Tite-Live (57av. -17 ap) Histoire édifiante de Rome. 142 livres, depuis les origines jusqu’en 9 après Jésus Christ. On a conservé la première décade des origines jusqu’en 293, ainsi que la troisième, quatrième et le début de la cinquième : de la seconde guerre punique jusqu’à 167. Le reste on le connait grâce aux résumés, aux sommaires à la fin de l’œuvre de Florus. C’est l’intégralité de l’histoire romaine dans une présentation annalistique = adopté une histoire année par année qui correspond à la fonction des deux consuls et division stricte entre évènements intérieurs et évènements extérieurs. L’œuvre de Tite Live a pour objet principal l’histoire d’un grand peuple, le retour de la paix et aux bonnes mœurs grâce aux princes, la restauration morale. La réussite historique pour Tite Live c’est le second siècle après Jésus-Christ : date charnière = 146. La technique de Tite Live. Le problème des sources : pour la période qui précède la fondation de Rome, il n’a que des fabulae, problème de sources pour les origines. Tite Live suit de très près une ou deux sources mais très souvent il ne cite pas ses sources. Son But est de fournir des récits intéressants : la forme domine sur le fond. Ce qui compte est d’exposer la vie et les bonnes mœurs de la puissance de Rome, mettre en avant des exemples à suivre : la virtus des grands hommes. Il se soucis plus de l’analyse psychologie que les réalités matérielles. Les scènes de batailles mais aussi les discours (12% du texte préservé, ce sont des moments privilégiés : portrait des grands hommes). Le récit du passé chez Tite Live sert à condamner le présent, il a une fonction de diversion et refuge pour l’historien qui se détourne ainsi des périodes plus récentes plus difficiles. Tite Live reconstruit un âge d’or, ce n’est pas un révolutionnaire, il est favorable au sénat, il est contre toutes les avancées sociales, et son œuvre est en général en accord avec la propagande d’Auguste. Ce n’est pas un simple propagandiste pourtant, il ne reprend pas à son compte la propagande sur l’origine divine d’Auguste. Grandeur du passé et tristesse du présent. Son œuvre est nationaliste et une histoire dramatique qui insiste sur les grands hommes et les grands évènements.

 

Tacite (56-118 ap.) c’est un historien taciturne, il est né en Gaule nargonnaise, il est né de cette bourgeoisie provinciale dont le père a exercé un rôle important. Il rentre au sénat sous Vespasien (69-79), il meurt un an après l’empereur Trajan. Trois dynasties d’empereur se sont succédées : les Julio-Claudiens entre 31 et 68 après Jésus-Christ (Tibère, Caligula, Claude et Néron) ; les Flaviens entre 69 et 96 (Vespasien, Titus et Domitien) ; Antonins entre 96 et 192 (Nerva, Trajan, Adrien, Antonin, Marc-Aurèle et Commode). Il a suivi des études de rhétorique, il épouse la fille du consul de 77 (Agricola qui est également le conquérant de la Bretagne), il exerce un gouvernement militaire en Germanie et revient à Rome en 86. Tacite siège au sénat et accède au consulat en 93. Il a vécu sans encombre sous la tyrannie de Domitien. C’est un homme de premier plan au niveau politique, c’est un ami personnel de Pline le Jeune et de Trajan. Sur l’ensemble de son œuvre on a gardé cinq ouvrages : Le dialogue des orateurs (rhétorique), La Germanie (géographie et ethnographie), La vie d’Agricola (biographie de son beau-père, consul de 77 et conquérant de la Bretagne, manière de se montrer sous un jour agréable), et deux ouvrages historiques : Les Histoires (rédigé entre 104 et 109, sur les années 68 à 96 = récit successif des différents empereurs depuis Néron jusqu’à la fin des Antonins = période jugée désastreuse)  et Les Annales ( écrites en 112 et traite des années 14 à 68, on possède les 4 premiers livres et les livres 11 à 16, c'est-à-dire la mort d’Auguste-début du règne de Tibère, une partie du règne de Claude et une partie de celui de Néron très peu d’évènement extérieur, surtout des évènements de cour). Il a accès au actes gardés au sénat, beaucoup de sources à sa disposition = dépouillement systématique, fait le tri entre ce qui est digne d’intérêt et ce qui est accessoire. Analyse des causes profonde inspirées d’un historien grec, soucis de la causalité. But de l’Histoire est de commémorer les évènements, il constate la disparition des anciennes valeurs. C’est un très grand écrivain, effets de style assez particuliers, œuvre bien écrite. Goût pour les scènes macabres. Il critique la religion juive et chrétienne. Il a connu la grande mutation de l’empire, il a pu constater le fonctionnement de ce régime, il porte un regard sévère sur les Julio-Claudien, il condamne Domitien dans la vie d’Agricola.

 

Deux historiens de la république, Salluste et Tite-Live, ils sont républicains. Tacite lui écrit dans une époque différente, celle de l’empire, l’autorité des empereurs est bien installée.

 

Contemporain de Tacite, Plutarque est un grec, né en 45 après Jésus-Christ et mort vers 125, ce n’est pas un historien, c’est un biographe. Il fait partie des élites grecques qui se sont mise au service de l’idéologie impériale, par une réinterprétation du passé historique de la Grèce et de Rome. Il est né en Béotie (Grèce centrale) dans la citée de Chéronée. La Grèce fait partie de la terre romaine d’Achaïe, c’est le champ de bataille des guerres civiles romaines, c’est un pays très appauvrit. Les citées grecques sont dominées. Il suit des études de rhétorique mais aussi de sciences, de médecines et de philosophie. C’est un notable, il a été magistrat éponyme de Chéronée. C’est l’un des magistrats les plus important de la confédération des citées de Béotie. Il a beaucoup voyagé : Alexandrie, l’Asie, au moins deux fois à Rome et en Italie, sous Vespasien et Domitien. Il a été considérer comme un maître à penser. Il est familier des proches de Vespasien, il est proche du pouvoir romain. Il est à la fois citoyen de Chéronée, d’Athènes et de Rome. Vers 90 après Jésus Christ il se retire près de sa ville de Chéronée, il devient maître d’école, il a été grand prêtre d’Apollon à Delphes. Œuvre de Plutarque : immense : Les vies parallèles  et les œuvres morales (conservées 77). Les vies parallèles sont des galeries de portrait qui mettent en parallèle deux biographies : un personnage grec et un personnage romain. Cette mise en parallèle est justifiée, parfois, après l’exposé des deux biographies, l’auteur justifie brièvement le parallèle. Elles ne constituent pas une histoire. But de Plutarque : intention plus morales et littéraire qu’historique. Il fait des biographies édifiantes destinées à montrer des exemples de vertu. L’historien procède à un choix, choix des versions les meilleures et les plus morales. Plutarque s’oppose à l’historien malveillant et méchant qui oppose des accusations contre les grands personnages. Pour Plutarque, la seule gloire véritable est celle des hommes d’action. Remaniement de toute l’histoire grecque et romaine, et des fois il livre quelques éléments historiques. Exemple parfait de l’humanisme grec sous l’empire romain.

 

Flavius Josèphe est un juif, contemporain de Tacite et de Plutarque, il est né en 37 après Jésus-Christ et est mort en 100. Son histoire est la révolte de Judée contre Rome = épisode majeur de l’époque du judaïsme. Prise de Jérusalem en 70 avec l’empereur Titus avec la destruction du temple. Cette guerre, cette révolte a été raconté d’un bout à l’autre par Joseph ben Mathias descendant des rois israélites : Flavius Josèphe. La Syrie est une province de l’empire romain, la Judée est annexée en 7 av. Jésus-Christ. Les juifs de Palestine sont contre la domination romaine. Les choses s’enveniment, la guerre de Judée éclate. Révolte de Judée en 132 – 135 après Jésus-Christ qui se finit par le dispersement des juifs. Le judaïsme est toléré même s’il interdit le culte civique (sacrifice à l’empereur). Les juifs ne sont pas prosélytes et très peu de conversion. Les guerres vont changer cela, après la guerre de Judée, l’autorité juive disparait, c’est un romain qui organise le culte juif. Un nouveau pas est franchi après la révolte juive en 132, l’empereur fait ériger un temple païen sur le temple de Jérusalem. Josèphe s’est engagé dans la guerre de Judée comme comandant, il est fait prisonnier en 67. Il raconte qu’à ce moment-là il lui vint le souvenir de rêves nocturnes qui lui prédisaient la défaite du peuple juif, il passe alors dans le camp ennemi et se présente à Vespasien, commandant en chef de l’armée romaine d’orient et lui prédit qu’il va devenir empereur. Après la guerre, il s’installe à Rome, il est comblé par Vespasien. Deux œuvres : La guerre des Juifs et Les antiquités judaïques. Flavius Josèphe est impartial plutôt en faveur des romains et estime que c’est la division des juifs qui les a défaits. Il entreprend son récit pour « faire comprendre au monde cet ébranlement considérable qu’a été la guerre de Judée ». Ecrite au départ en araméen puis en grec. Il veut lutter contre l’antisémitisme. Il a écrit aussi contre Apion contre l’antisémitisme en Grèce. Il critique l’histoire grecque qu’il trouve surestimée. Il analyse la divergence des historiens grecs. Les grecs et les juifs ont des rapports anciens, hellénisation des juifs durant les royaumes hellénistiques. L’hellénisation forcée après sous l’empereur d’Asie Mineure = mauvais rapports. Son œuvre tranche avec les autres historiens de langue grecque qui se sont consacrés à l’histoire romaine : Denis d’Halicarnasse. Flavius est entre deux monde : rencontre entre la culture grecque, la culture juive et dans le camp romain. C’est une histoire du peuple élu, où Dieu est présent. Son histoire est orienté vers l’avenir, vers une attente. C’est une historiographie juive, il se compare à Thucydide. Comment en étant juif grec, se met-on au service de Rome.

Publié dans Histoire ancienne

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